LAURÉATS DE LA COMPÉTITION INTERNATIONALE
DE DOCUMENTAIRE DU FESTIVAL DES LIBERTÉS 2014
Prix du Festival des Libertés:
Return To Homs - العودة إلى حمص, de Talal Derki.
Le prix du jury du Festival des Libertés est attribué cette année au film Return to Homs. Une plongée terrifiante au cœur des ténèbres, tournée durant des mois auprès des jeunes rebelles en lutte contre le pouvoir de Bachar El Assad.
Le jury a été particulièrement sensible à la force narrative du film. Au côté exclusif et rarement vu des images, au plus près des combats et de la résistance menée par un groupe de jeunes habitants de la ville martyre de Homs. Dans ce décor entièrement détruit et dévasté, on assiste à une véritable descente aux enfers des jeunes combattants qui n'ont apparemment aucun autre salut qu'une radicalisation toujours plus sévère, et pour seule issue l'invocation de dieu. Un film bouleversant.
Mention spéciale du jury:
Viva Cuba Libre: Rap is War, de Jesse Acevedo.
Viva Cuba Libre est un hymne en musique à la liberté d'expression. Qu'on aime le rap ou pas, on s'attache très vite à ces musiciens qui prennent des risques réels pour dénoncer les errements d'un régime qui s'éloigne sans cesse plus des idéaux de la révolution qui l'a amené au pouvoir. On s'attache aussi aux parents qui s'inquiètent et à la grand-mère qui, tout simplement, n'aime pas leur musique... Le jury lui décerne une mention spéciale pour le plaisir qu'il a eu à voir ce film, mais aussi pour rappeler que, quelles que soient les avancées sociales qu'on peut constater à Cuba, la liberté d'expression est la base de toutes les autres.
Prix FIDH - International Federation for Human Rights:
La fiebre del oro, de Andrew Sherburne.
Que se passe-t-il quand une multinationale s’implante à votre porte, s’accapare vos terres ancestrales, pollue votre environnement, empoisonne votre eau ? « Gold Fever » nous montre le combat inégal entre un géant des sociétés minières - l’entreprise canadienne Goldcorp - et la population locale représentée entre autres par 3 femmes Mayas, Gregoria, Diodora et Crisanta, qui s’obstinent à défendre leurs terres, leur mode de vie, leur santé et l’avenir de leurs enfants.
Ce film nous montre une litanie de violations et de destruction pour extraire cet or du sol ; or qui sera emporté pour en tirer un profit rapide sans aucune retombée économique pour les habitants locaux, et qui se retrouvera, in fine, enterré dans un quelconque coffre-fort.
La question de l’articulation entre les droits de l’homme et les entreprises est une des thématiques prioritaires de la FIDH. En particulier, en Amérique latine, la FIDH promeut une méthode d’étude d’impact sur les droits humains qui se centre sur l’appropriation par les communautés de leurs droits. Malheureusement, comme le film le démontre, les modèles de croissances de ces états reposent essentiellement sur l’exploitation des ressources naturelles ce qui a un impact négatif direct sur les communautés. Ces politiques de développement, imposées sur les communautés locales, occasionnent de graves dommages à l’environnement, la gestion de l’eau, l’agriculture, la santé et les relations sociales.
La FIDH mène, entre autre, des activités de plaidoyer afin que l’Union européenne et les Etats membres veillent à ce que les accords commerciaux passés avec des pays tiers n’aient pas d’incidences négatives sur les droits humains dans ces pays, via en particulier la réalisation d’études d’impact.
Prix RTBF Documentaires:
Le monde est comme ça, de Fernand Melgar.
Le documentaire « Le monde est comme ça » est très touchant, et révélateur de ce qu’est l’envers du décor des expulsions, que l’on nous montre rarement, à savoir : qu’est-ce qui se passe lorsque les candidats à l’exil débarquent, contraints et forcés, au pays qu’ils ont voulu fuir.
J’ai aimé la volonté du réalisateur d’avoir voulu aller au bout de sa logique : retrouver, et cela n’a pas dû être simple, les personnes qu’il a côtoyées en Suisse au-delà du seuil de l’expulsion à proprement parler. C’est une démarche fondamentalement humaniste : il s’agit d’incarner la douleur, la détresse, et de nous la faire ressentir, sans jugement, sans discours démonstratifs, avec simplicité, mais aussi avec force le langage du cœur. De ce point de vue, ce documentaire s’adresse vraiment à un très large public, ce que j’apprécie également.
Par ailleurs, ce documentaire décrit aussi très bien l’angoisse de ceux qui résident en situation de demandeurs d’asile en Suisse, éternellement maintenus en situation précaire, suspendus à la crainte d’une décision d’expulsion dénuée de sens, déconnectée de la vraie vie, qui pourrait leur tomber dessus à tout moment, de manière kafkaïenne, purement arbitraire.
L’exemple suisse est adaptable à la situation prévalant dans bien des pays, raison pour laquelle le documentaire est de nature à faire réfléchir chacun d’entre nous.
La RTBF est heureuse de conclure ainsi ce qui pourrait être considéré comme une trilogie, puisque les deux précédents documentaires de Fernand Melgar , « Vol spécial » et « La forteresse », avaient déjà été diffusé sur la RTBF.
« Le monde est comme ça » est en quelque sorte la prolongation et pour nous, c’est une évidence de le diffuser.
Marc Bouvier
Responsable de l’Unité Documentaires de la RTBF
Prix SMartBe:
Return to Homs, de Talal Derki.
Le jury de SMart a décidé de remettre son prix à l’équipe du documentaire Return to Homs.
Ce film nous a touché unanimement par ses personnages, ses qualités cinématographiques et photographiques et son regard personnel sur la guerre en Syrie .
A travers cette épopée sur la jeunesse en guerre et les choix forcés, nous comprenons la quotidien d’une guerre urbaine médiatisée mais méconnue.
Le réalisateur Talal Derki a suivi pendant trois ans Basset (19 ans et gardien de but) et Ossama (24 ans et journaliste) et a réussi à nous montrer leur vie et leur ville avec un regard juste et sincère.
Nous avons été marqués par la pudeur et la poésie avec lesquelles le film raconte la spirale de violence qui fait évoluer des forces pacifistes en des combattants emblématiques, ainsi que par l’engagement de l’auteur et des personnages.
Prix Salvador Allende:
La fiebre del oro, de Andrew Sherburne.
"Le film « La fiebre del oro » montre le combat des populations pour garder une qualité de vie face à l’exploitation des richesses naturelles par des multinationales qui ne respectent pas des normes qui sont imposées dans leurs propres pays.
Le documentaire démontre bien la quantité colossale d'argent et de dégâts environnementaux et sociaux que les compagnies américaines font. Cette fois ci la fièvre de l’or se déroule loin du territoire américain. Elle prend place dans les territoires ancestraux des peuples indigènes.
Trois femmes autochtones - Diodore, Crisanta, et Gregoria du petit village guatémaltèque de San Miguel Ixtahuacan vont se battent pour défendre leurs terres ancestrales."
PRIX Lichtpunt-tv
Partenaire historique du Festival des Libertés, Lichtpunt attribue depuis le début de la création de la compétition internationale de documentaires du Festival un prix consistant à un passage TV sur la VRT .
Bruxelles Laïque, organisateur du Festival des Libertés, s’associe pleinement à la déclaration du jury de sa compétition internationale de documentaires concernant la menace de disparition pesant sur Lichtpunt:
"Le jury du Festival des libertés regrette vivement la suppression de l’émission télévisée LICHTPUNT sur la VRT.
Depuis de nombreuses années, ce programme de télévision soutient des documentaires traitant de sujets liés à la liberté d’expression. Par son action, LICHTPUNT a fait découvrir aux téléspectateurs de nombreux films ouverts sur le monde, leur permettant ainsi de comprendre en profondeur des situations trop peu voire pas du tout médiatisées.
La suppression de cet important programme TV pour raisons budgétaires réduirait regrettablement les moyens d’information et les capacités de réactions citoyennes face aux trop nombreuses atteintes aux libertés.