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La soirée Les Partisans du chant réunit des artistes qui n’ont pas leur langue en poche et la manient avec aisance et insolence, leur langue française. Une invitation à la poésie fine ou brut de décoffrage, à la politique des tripes, à la distorsion de l’homme qui rêve et du monde qui blesse, à la lucidité acidulée, à la dérision résonnante, aux questionnements sans réponses et aux enthousiasmes sans illusions. L’édition 2016 mettra, outre les textes, les guitares à l’honneur et voyagera de l’intime des journaux aux transhumances de l’humanité.
Avec deux albums personnels et une remarquable mise en musique de textes inédits et militants de Prévert, Frédéric Nevchehirlian, désormais appelé « Nevché », a tracé, de son écriture exigeante, abrupte et romantique, une route sinueuse et singulière entre rock, slam et chanson. Concert littéraire, lecture musicale ou poème rock, Shooting Stars, sa nouvelle création présentée en avant-première au Festival des Libertés, croise les journaux intimes de Marilyn Monroe et Kurt Cobain. On y entend le désir et l’angoisse, la condition artistique et féminine, l’addiction et l’injustice, le succès et le suicide… Nevche vit pour partager ses passions, c’est sa façon de construire le monde dans lequel il souhaite vivre, à l’abri de l’individualisme et des stigmatisations.
Avec Diabologum et Expérience, Michel Cloup a marqué l’histoire souterraine du rock français en mettant toujours le doigt là où ça fait mal. Sa nouvelle formule est d’une furieuse efficacité. Une batterie appuyée, une guitare saturée et des textes cinglants : il ne faut rien de plus. Les deux premiers albums du duo narraient les déboires personnels et les turpitudes quotidiennes du couple. Ici et là-bas, explicite quant à sa thématique, rend davantage compte de la société déchirée, idéologiquement précarisée, qui est la nôtre. Comme à son habitude, l’écriture dense de Michel Cloup explore les pistes de sa propre histoire pour résonner avec l’époque. Une poésie et des compositions sans fioritures, à la recherche d’un nous, d’un collectif comme d’une barricade.
Profitant d’une sieste des Têtes Raides, Christian Olivier, leur chanteur au timbre profond, délaisse l’accordéon, enfile les guitares et sa plume toujours au poil pour un projet solo, On/off, plus électrique et introspectif mais toujours ancré et hanté par le monde en lambeaux. Si l’auteur se met davantage en « je », avec ses inquiétudes et ses espoirs, sa dérision et sa tendresse, il partage aussi un album écrit comme un cri de vie suite aux attentats, invitant à réinventer la démocratie et à vivre, des fois, un peu sans dieu. Sur scène les rythmes percussifs et presqu’incantatoires de cette démarche à la fois mature et primesautière feront frapper des mains et bouger des corps.