La série Flipch Art de Benoit Piret interpelle par le contraste qui la constitue et le tourbillon sensoriel qu’elle provoque. À la parcourir dans son ensemble, peu importe dans quel ordre puisqu’elle le conteste, la réalité brute se délite au passage des images, des affinités, des aversions, des combats, de l’ironie, de l’insoumission, de l’humour, des nostalgies et des inspirations esthétiques de l’artiste. « Son univers au glamour perverti ou érigé en martyr convoque un trouble étrangement enfantin et une tristesse profondément adulte » (Marie Arquié, Radio Nova).L’originalité de la démarche se situe d’abord dans son support : une forme de recyclage inédit et bien loin de ceux qui sont en vogue chez les amis de la nature ou dans les agences pour l’emploi. Pour réaliser les œuvres de cette série, Benoit Piret s’introduit à la fin de séminaires d’entreprises, de recherches ou d’associations et s’empare des « flip chart » usagés – ces larges feuilles au format 70x100 qui servent aux exposés – afin d’y imprégner son travail plastique. Dans un style pochoir, fait d’encres de Chine et de dégoulinures de couleurs, des images des drames de l’actualité - les guerres, les kalachnikovs, les exodes, les pateras, les camps, les barbelés – mais aussi de la nature sauvage, de la féminité, de la consommation et d’icônes qui rappellent la Factory de Warhol recouvrent, court-circuitent ou relèvent les schémas de brainstorming, les plans stratégiques, les flèches de mindmapping, les courbes de ventes, les pictogrammes émotifs et les diagrammes d’opinions… Cette confrontation dans l’union, ces interférences étranges et intègres rompent les codes sans proposer de décodage. Chacun est invité à y projeter ses ressentis personnels et y puiser son propre sens.
Le travail de Benoît Piret est soutenu par la galerie 100 Titres.